Crise du logement étudiant : Airbnb, faux coupable ? [Making-Of]

La démarche

De combien de logements la plateforme Airbnb prive-t-elle les étudiants bordelais? L’idée était ambitieuse. Trop? Dès le départ, nous avons souhaité mesurer l’impact de la «airbnbisation » sur les petits logements à Bordeaux.

Nous avons d’abord cherché à saisir les grandes tendances économiques rattachées au phénomène Airbnb. C’est ainsi que nous nous sommes tournés en premier lieu vers des articles de presse. Leur nombre important ainsi que leur régularité dans le temps ont confirmé le caractère problématique de ce sujet. La dernière mesure de la mairie de Bordeaux à cet égard est d’ailleurs entrée en vigueur le 1er mars 2018

Nous avons alors tenté de trouver des données en ligne sur les logements Airbnb. Le travail de collecte de Matthieu Rouveyre, fondateur de l’Observatoire Airbnb, s’est imposé comme l’ensemble de données le plus exploitable. En mettant à disposition de tous des données sur la ville de Bordeaux et d’autres villes françaises, Matthieu Rouveyre nous a donné un matériau essentiel. A partir de cette base, nous avons pu manipuler un grand nombre d’informations sur les logements Airbnb à Bordeaux, en fonction de l’avancement de notre enquête.

Les différents entretiens que nous avons menés nous ont progressivement fait changer notre angle de départ. Ainsi, nous nous sommes attachés à montrer la part de responsabilité d’Airbnb dans le mal-logement des étudiants à Bordeaux.

 

Interlocuteurs

Matthieu Rouveyre de l’Observatoire Airbnb

En nous expliquant comment il avait récupéré les données directement depuis le site d’Airbnb, Matthieu Rouveyre nous a permis d’éviter certains écueils dans le nettoyage de ces dernières.

Agences immobilières

Nous avons pris contact avec de grands groupes immobiliers bordelais. (Orpi, Bedin Immobilier,  La Forêt, Citya…) Si tous reconnaissaient la crise immobilière à Bordeaux, la plupart n’ont pas estimé notable l’impact d’Airbnb sur leurs activités : les agences et la plateforme ne répondent pas à la même demande, et ne proposent pas les mêmes biens.

Mairie de Bordeaux

Les différents interlocuteurs de la municipalité nous ont permis de mieux comprendre la législation encadrant les activités d’Airbnb.

Syndicats étudiants

Les syndicats étudiants ont joué un rôle important dans la redéfinition de l’angle de notre article. En mettant en lumière la multiplicité des facteurs de mal logement, ils nous ont fait réaliser que l’on ne pouvait pas placer Airbnb comme principale raison de cette crise.

Jean-Luc Austin, propriétaire loueur sur Airbnb

Ce témoignage a lui aussi influencé notre léger changement d’angle. En partant de son expérience, Jean-Luc Austin a tempéré les propos de Matthieu Rouveyre : peu de biens seraient retirés du parc locatif étudiant à cause d’Airbnb.

 

Traitement des données

Nettoyage

Nous avons tout d’abord trié les « blanks », ces données mal ordonnées et inexploitables puisqu’elles ne sont pas rangées correctement dans le tableur. Après avoir les avoir sélectionnées, nous les avons triées grâce à l’outil « Scinder le texte en colonnes » sur Google Spreadsheets.

Nous avons ainsi pu élargir le nombre de logements traités, et gagner en précision.

Nous avons ensuite procédé à un second nettoyage, sur Open Refine cette fois, en filtrant les logements selon les critères suivants :

  •  « logement entier »
  •  « nombre de chambres » : entre 0 et 1.

Enfin, des derniers ajustements ont été faits manuellement pour éliminer des erreurs encore repérables par l’œil humain.

Réalisation de la carte

Grâce à un premier logiciel de cartographie (QGIS), nous avons pu fusionner les données nettoyées de l’Observatoire Airbnb et le fichier « IRIS » de Bordeaux disponible sur le site de l’INSEE. Nous avons importé le tout sur le site carto.com. Ainsi, cette fusion a permis un découpage précis des quartiers.

 

Difficultés rencontrées

La mobilisation de données 100% fiables et actualisées a été l’une des plus grosses difficultés dans notre enquête.

  • Concernant les données générales sur la ville : ni la municipalité ni les agences contactées n’ont été en mesure de nous fournir des statistiques précises sur le total des logements dans la ville de Bordeaux.

Par exemple, lorsque l’on a voulu savoir comment l’ensemble du parc immobilier avait évolué ces dernières années, nous avons découvert que les dernières statistiques de l’INSEE dataient de 2014. Malgré des appels à Bordeaux Métropole Aménagement et au Bureau de l’Urbanisme, il est aujourd’hui impossible d’estiment le nombre total de logements à Bordeaux.

  • Concernant les données Airbnb : malgré l’important travail de Matthieu Rouveyre, plusieurs milliers de données non triées (“blanks”) ont dû être nettoyées. Toutefois, un nombre non mesurable de données demeurent vagues ou erronées, en raison d’erreurs de la part d’utilisateurs de la plateforme Airbnb.

De plus,  nous avons réalisé au cours de l’enquête qu’il était quasiment impossible de savoir si les hôtes proposant un studio / T1 sur la plateforme étaient des locataires ou des sous-locataires. Impossible alors d’estimer le nombre de studios / T1 retirés du parc locatif étudiant.

Compte tenu de ces imprécisions, il était difficile d’établir un bilan précis et global de nos recherches. Nous avons donc tenté de tirer des conclusions de notre travail tout en restant parfaitement honnêtes.

 

Récapitulatif des outils et logiciels utilisés
  • Google Spreadsheets
  • Open Refine
  • QGIS
  • Piktochart

 

Données utilisées

• Données de base disponibles sur L’Observatoire Airbnb 

T1 / studios sur Airbnb Bordeaux mars 2018 – données nettoyées